Grondements des terres contre Agro-industries

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Depuis plusieurs semaines, Grondements des Terres a visibilisé par différentes actions les marges opaques du duopole Coop-Migros, qui contrôle 80% du commerce de détail suisse, et de quelle manière le duopole précarise les paysan·nes.

Un contre-marché s’est tenu devant la Coop City de Lausanne le 10 juin* pour créer un espace d’échange direct avec les consommateur·rices. Les légumes étaient ornés de trois prix différents – le coût de production, le prix payé aux producteur·rices par la grande distribution et le prix de vente en magasin – pour permettre aux passant·es de réaliser à quel point Coop et Migros s’enrichissent sur leur dos et sur celui des producteur·rices (https://www.letemps.ch/suisse/vaud/a-lausanne-des-activistes-climatiques-denoncent-les-marges-des-grands-distributeurs-sur-les-legumes). Un « S » géant a orné le temps d’une nuit un supermarché Coop, pour indiquer « Scoop » et préciser, par des peintures le long des murs du supermarché, que le scoop concernait l’indécence des marges faites par les géants oranges. Des publicités des géants oranges ont été détournées et remplacées par des slogans comme « Migrosses marges », « pas Coopains des paysannes » ou encore « la grande distribution nous carotte ». Une fresque a été réalisée sur un bâtiment du quartier du Flon. La carotte y figurait découpée en quatre parties – coûts de production, coûts intermédiaires, marge nette du/de la producteur·rice, marge du distributeur – et montrait bien que « migroop nous carotte », comme écrit sur la fresque.

Ces actions, qui seront relayées mardi à 12:30 sur les réseaux sociaux, ont permis d’alerter et de rappeler que les énormes profits du duopole Coop-Migros sont basés sur la sous-rémunération des producteur·rices et assurés en large partie par l’omerta qui recourve les prix d’achat et les marges prélevées par les distributeurs. Sous prétexte de secret commercial, aucun chiffre n’est jamais donné par Coop et Migros concernant les marges dégagées sur les produits agricoles qu’ils revendent, alors que des enquêtes récentes montrent qu’elles ne sont pas explicables par les coûts qui leur reviennent pour assurer le conditionnement et la distribution des produits. D’après la FRC, la marge de Coop et Migros sur certains produits serait en moyenne de 70%, notamment dans la filière des fruits et légumes.

Grondements des Terres a voulu pointer du doigt les agissements des grands distributeurs qui extorquent les consommateur·rices, notamment en profitant d’une période d’inflation, sans pour autant rémunérer correctement les producteur·rices, contraint·es de leur vendre leurs produits faute de pouvoir les écouler ailleurs. Ce sont aussi des institutions comme l’Office Fédéral de l’agriculture (OFAG) qui sont visées par
les militant·es car elles choisissent délibérément de ne pas surveiller les deux géants oranges. Selon la loi, l’OFAG serait obligé de relever périodiquement les prix des produits agricoles aux différents échelons commerciaux. Dans la pratique, les seules données accessibles sont les prix à la consommation. Aucune information n’est fournie sur les coûts de transformation, de transport et de distribution dans la quasi totalité des cas.

La marchandisation des aliments, la libéralisation des marchés et la course aux rendements immédiat ont presque anéanti notre autonomie alimentaire, en moins de 70 ans. Les énergies fossiles et les pesticides ont remplacé les savoir-faire, et l’agriculture moderne est otage de son propre système. Partout, les sols sont compactés, les eaux polluées, les insectes décimés. Partout, le système alimentaire industrialisé et globalisé appauvrit et tue paysans et paysannes. La grande distribution fait porter aux paysan·nes au bout de la chaîne la responsabilité d’un désastre écologique qu’iels n’ont pas causé tout en saturant les consciences de greenwashing. Se soulever contre le système agro-industriel est donc impératif pour créer un système alimentaire ne profitant ni à la grande distribution ni à aucune multinationale, mais à celles et ceux qui produisent, transforment et cuisinent les aliments. Il est urgent d’atteindre la souveraineté alimentaire, de valoriser pour de bon le travail de la terre et d’assurer des vies dignes pour toutes celles et ceux qui le pratiquent, et cela passe par des prix rémunérateurs.

C’est pourquoi Grondements des Terres soutient la campagne d’Uniterre « Des prix équitables, maintenant! » qui débutera jeudi 17 août sur la place fédérale à Berne, et invite toutes les personnes qui le peuvent à se joindre aux productrices et producteurs pour exiger des prix équitables pour les paysan·nes. « Mobilisons-nous pour un système alimentaire plus juste, plus durable et plus respectueux. Soyons déterminé·es: notre vie et notre alimentation valent plus que leurs profits. Ensemble, nous pouvons faire la différence**! »

La campagne d’Uniterre (https://uniterre.ch/fr/des-prix-equitables-maintenant/)

L’agriculture défendue par Grondements des Terres : https://grondementsdesterres.org/manifeste/

*https://grondementsdesterres.org/article/mis-en-avant/1116/

**https://uniterre.ch/agenda/lancement-de-la-campagne-prix-equitables-maintenant-lancierung-der-kampagne-faire-preise-jetzt/