Anniversaire de l’attaque contre les golfs

Un année après « l’attaque maraîchère » de golfs en Suisse romande portée par le collectif Grondement des Terres lors de la journée internationale des luttes paysannes, des activistes écologistes ont soufflé la première bougie du golf club de Cologny.

Dans la nuit du 16 au 17 avril 2024, des légumes ont été plantés dans le golf club de Cologny. Pourquoi?
Parce qu’un an est passé depuis les attaques symboliques de ces joujoux toxiques que sont les golfs, terres accaparées par les plus riches pour hurler leur mépris et leur inconscience. On ne peut pas dire qu’il ne se passe rien : la situation sociale et écologique empire, tandis que l’on s’en félicite chaleureusement : c’est la croissance!
Le 17 avril est la journée internationale des luttes paysannes et cette action s’y inscrit pour rappeler que nous n’allons toujours pas dans des directions sociétales acceptables. La lutte pour la paysanerie est aussi vitale que souvent minorée. Il est nécessaire de se saisir collectivement des questions liées à l’utilisation de nos territoires et notamment des questions agricoles.
Parce que nous soutenons la révolte générale portée par Grondement des Terres et que nous souhaitons que son appel à reprendre la terre aux plus riche, raisonne à nouveau.Il y a une année exactement, le collectif avait déjà fait sonner les mots de Chico Mendes pour qui: « sans lutte des classes, l’écologie n’est que du jardinage ». Nous avons besoin d’une écologie radicale et globale et non pas de jardinage, c’est la signification du « merde à votre monde » peint cette nuit sur le green.
La Suisse est désormais condamnée pour son inaction climatique et que nous n’aurons de cesse de lui rappeler qu’il n’est plus possible de jouer à l’autruche.
Parce que l’Etat est coupable d’abriter parmi les plus violentes entreprises génératrices de la crise sociale et écologique globale que nous affrontons et qu’il est nécessaire de le rappeler régulièrement.
Parce que ces entreprises sont maintenues en vie par des intérêts privés qui gangrènent les structures démocratiques et que ces structures n’ont de démocratiques que le nom. Elles sont détenues par un état « représentatif » qui au final représente surtout les actionnaires écocides.
Nous rappelons que les personnes qui bénéficient de la confiscation de terres cultivables pour se divertir, sont celles-là même qui bénéficient en premier lieu de ce système capitaliste mortifère.
Nous rappelons qu’un golf, c’est aussi un épendage massif et régulier de produits toxiques dans l’environnement, ainsi que le gaspillage d’une quantité gigantesque d’eau et d’énergie. Pour JOUER.
Nous soutenons le collectif de la Ferme des Hirondelles à Pontareuse et touxtes les paysan.ne.xs qui ont tant de difficultés à s’implanter parce qu’ielles n’ont ni héritage, ni la volonté de flatter les lobbies agro-industriels.
Nous affirmons que le futur se doit d’être alimenté par une agriculture paysanne, joyeuse et communautaire; développée dans une société solidaire et conviviviale. Sinon, la certitude de « cultiver » des champs de ruines stériles s’affirmera davantage.
Parce que nous sommes différentes, mais touxtes victimes; nous sommes rageusement organisées vers un objectif partagé : la prise en main collective et organisée de l’impasse capitaliste.
Nous sommes en outre, révoltées que cet accaparement s’accompagne d’une utilisation du sol égoiste et délétère: les habitantexs de Cologny et Vandoeuvres, lorsqu’elles auront à se pencher sur les zones exemptes de bitumes pour produire leur alimentation, se rendront péniblement compte de l’absence de vie qui caractérise un golf, n’en déplaise à ses propriétaires mercantiles. Un golf n’est pas un éden pour la biodiversité – loin s’en faut – et les arbres remarquables qui délimitent cette propriété privée sont les rescapés de l’arasement pour le green, certainement pas ses bénéficiaires.

Aussi, avons-nous choisi cette nuit l’action directe – le circuit court des actions politiques – et par ce plantage symbolique de quelques patates et oignons (et surprise, de topinambours çà-et-là), nous rapellons que dans cette helvétie qui se vend « démocratique », les terres arables sont confisquées et pillées pour les intérêts d’une minorité ultra privilégiée.
Le système capitaliste qui détruit nos espoirs autant qu’il accroît l’exploitation du Sud global, engraisse les personnes qui viennent se divertir sur ce désert vert. Nous ne le tolèrons plus et agissons!.
En échos aux actions contre le monde bétonné et sans issue, nous réaffirmons notre solidarité paysanne et la nécessité de la lutte anticapitaliste.
Pour terminer, nous sommes aux côtés des jardini.ère.er.xs qui devront supprimer ces plantations nocturnes en échange de leurs salaires. Nous les assurons de notre immense sympathie: ce n’est pas elleux que nous visions, mais ce sont elleux qui payent directement le prix de notre action. Puisse-t-elles nous excuser et nous rejoindre dans la lutte contre leurs maîtres et possésseurs