Manifeste partie 5

Pour une région solidaire plutôt qu’un État acteur de la destruction mondiale

La Suisse joue un rôle majeur dans la course à la destruction planétaire. Elle s’impose comme la plaque tournante du négoce des matières premières, met son secret bancaire au profit des plus destructeurs et héberge les sièges de nombreuses multinationales qui ravagent les environnements et broient des vies. Nous nous opposons à la complicité de l’État suisse avec les maîtres d’une économie mondiale globalisée qui appauvrit les terres, épuise les ressources, pollue les eaux, anéantit la biodiversité et empêche, à l’échelle internationale, la possibilité d’une agriculture paysanne. Vale, Bayer-Monsanto, Nestlé, Holcim ou Glencore, grassement accueillis par la Suisse, ne sont que quelques exemples de ces multinationales qui détruisent le vivant partout où elles sévissent.

L’agro-industrie contre laquelle nous luttons est un mécanisme international dans lequel de nombreux acteurs suisses jouent un rôle prédominant et central, et dont ils tirent des bénéfices énormes. Nous voulons que les structures paysannes – qui construisent des alternatives aux logiques industrielles de la monoculture, de l’élevage intensif et de la grande distribution – survivent et se propagent. Elles constituent la proposition productive que nous souhaitons pour l’alimentation de toutes et tous, et pour accomplir une solidarité internationale. Nous voulons que ces solutions de terrain ne soient plus livrées à une concurrence agressive qui ne profite qu’aux plus gros, et condamne tous·tes les autres. Nous savons que partout dans le monde les paysan·nes souffrent de cette mise en concurrence avec des productions industrielles, par ailleurs souvent subventionnées à l’exportation par les États les plus riches. Nous savons que l’ONU, le Programme Alimentaire Mondial et toute l’aide au développement n’ont jamais su contrer la violence du marché globalisé, et que la faim, la malnutrition et la pauvreté n’ont fait que progresser à mesure que les populations sont dépossédées de leur autonomie alimentaire.

Nous savons que dans les pays du Sud, les profits de l’agriculture s’envolent directement dans les caisses des grosses entreprises, souvent basées en Europe ou en Amérique du Nord. Et que cette forme d’exploitation est raciste, au même titre que les conquêtes des territoires, que l’exploitation des ressources et du vivant, que l’esclavagisme, et que l’ensemble des logiques coloniales qui ont fait le lit des inégalités mondiales sans lequel l’agriculture industrielle n’aurait jamais pu se développer. Nous voulons la survie et l’expansion d’une agriculture paysanne solidaire sur le plan international.

Pour aller plus loin :

La Via Campesina

Manifeste pour un XXIe siècle paysan